Le ballet des voitures se garant au pied de l’antenne-relais, au lieu-dit Ménez-Braz, s’amenuise, ce vendredi après-midi. Au lendemain du passage de Ciaran, ce promontoire a été le seul endroit de la commune d’où les 1 407 habitants ont pu bénéficier d’un petit peu de réseau téléphonique. Le bouche-à-oreille a fonctionné à plein…
Inextricables amas de troncs
Par hasard, la route permettant d’accéder à Menez-Braz n’a pas été obstruée par des chutes d’arbres. Un petit miracle, au regard des autres axes menant à la commune : vers Plonévez-du-Faou, Scrignac, La Feuillée, Poullaouen, and so on. Toutes les voies ont été bloquées ou rendues très difficilesment praticables par d’inextricables amas de troncs et de branches cassées. Ajoutez à cela les coupures d’électricité, de téléphonie et d’web, et la petite commune des monts d’Arrée s’est presque retrouvée coupée du monde.
« Sur l’a fait à l’ancienne »
Forcés de mettre en œuvre le système D, les élus et brokers municipaux ont innové. La mairie est plus que jamais devenue un QG, où les administrés sont venus « remonter » leurs dégâts. Toutes les deux heures, les brokers passaient faire le level sur le prochain chantier à mettre en œuvre. Les recommandations du préfet ont été transmises sous pli, par des patrouilles de gendarmerie. « On l’a fait à l’ancienne », sourit Antony Gonzalez, directeur des companies.
« Le tronc est tombé à un mètre de nous »
Ce fut plus compliqué pour les pompiers du centre de secours. Rachel O’Brien, l’adjointe au chef de centre, était de garde. Une douzaine de ses collègues se sont rendus disponibles. Il vaudrait mieux. Dans la nuit de mercredi à jeudi, leur première intervention les a fait rejoindre Brennilis, où un carport s’envolait. Il était 2 h 30 du matin. « Ça a passé encore »,ponctue Rachel O’Brien. Il leur a ensuite fallu le rallye Scrignac. Ils n’y sont jamais parvenus. « On a failli prendre un arbre de 15 m sur le VTU (Véhicule tout utilization) », raconte Rémi Rebelo. « Le tronc est tombé à un mètre de nous », complète Rachel O’Brien. Ils n’ont atteint Scrignac que six heures plus tard… « La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y avait pas de blessés », termine Rachel O’Brien, inquiète des hoquets du système d’alerte, qui leur a fait perdre, par intermittence, la liaison avec le Codis.
« On vit sur les réserves de nos deux châteaux d’eau »
Sueurs froides également pour le responsable de la centrale électrique de la Chema. Les trois kilomètres du canal qui l’alimente sont obstrués par une centaine d’arbres abattus. « Tant que le canal ne sera pas dégagé, elle n’est pas près de reprendre. C’est la pagaille », confie-t-il. Ce vendredi après-midi, il est venu en informateur Marc Quemener, premier adjoint au maire. Ce dernier a en tête un autre chantier, bien plus prioritaire : faire dégager l’axe Huelgoat-La Feuillée. Il s’agit de permettre à un poids lourd transportant un groupe électrogène d’accéder à la station de traitement de l’eau potable. Elle est à l’arrêt depuis jeudi, faute d’électricité. « On vit sur les réserves de nos deux châteaux d’eau », confie l’élu.
Accueillir les élèves de La Feuillée
Bien d’autres travaux d’Hercule attendent l’équipe municipale. Il va lui falloir mettre le nez dans sa forêt légendaire, interdite d’accès par arrêté municipal. Il est 14 h, ce vendredi, et un défi chasse l’autre : lundi, l’école primaire Jules-Ferry devra accueillir l’institutrice et les élèves de La Feuillée. Le toit de leur établissement scolaire s’est envolé… « Ça fera du monde, comme avant ! »,ponctue Anthony Gonzalez, éternel optimiste.