«Quand on vient avec des bâtons on ne vient pas pour défendre une trigger mais pour attaquer», a asséné la procureure de Valence, Vanina Lepaul-Ercole. Six militants d’extrême droite ont été condamnés lundi à des peines de six à dix mois de jail ferme pour avoir participé à la marche d’ultradroite organisée samedi 25 novembre, à Romans-sur-Isère, dans le sud de la France, en réaction à la mort de Thomas poignardé à la fin d’un bal.
Jugés en comparaison immédiate, ces hommes, âgés de 18 à 25 ans, ont également été interdits de séjourner dans la Drôme et de détenir une arme pendant cinq ans. Sur le banc des accusés, se découvre un militaire, un développeur informatique et des étudiants qui ont raconté avoir été informés du rassemblement sur les réseaux sociaux, principalement TikTok. Tous ont minimisé leur participation.
Ces condamnations répondent en effet à un rassemblement samedi soir lors duquel une centaine de militants d’ultradroite cagoulés ont défilé dans un quartier d’où sont issus certains suspects de l’attaque ayant causé la mort du jeune Thomas à Crépol, un village voisin .
Dans la matinée, France data et France Bleu Drôme Ardèche ont révélé avoir vu sur le transportable d’un des militants d’extrême droite, un militant rouennais de la Division Martel, un groupuscule néonazi, une liste partagée par au moins 31 personnes. Les deux médias affirment qu’on y trouve les noms complets des principaux suspects du meurtre de Thomas, leurs adresses, numéros de téléphone, mais aussi les prénoms et noms des membres de leur famille habitant le quartier de la Monnaie. Une supply sécuritaire haut placée à l’avance Libération l’hypothèse d’une porosité entre la mouvance d’extrême droite et des policiers ou gendarmes, qui pourrait notamment expliquer l’origine de cette liste.
Le parallèle Romans – Dublin
« Même si le nombre de militants n’est pas comparable, il y a eu une sorte d’inspiration. Les militants français avaient une consideration toute particulière pour ce qui se passait à Dublin et faisaient un parallèle avec l’affaire de Crépol., qui a choqué le pays, relève une chercheuse spécialisée dans l’extrême droite Marion Jacquet-Vaillant. Jeudi dernier, quelque 500 émeutiers irlandais proches de l’extrême droite ont pris d’assaut un quartier de inhabitants immigrée, en représailles à une agression au couteau contre des enfants, perpétrée selon les rumeurs par un attaquant d’origine étrangère.
Un Dublin comme à Romans-sur-Isère, «il y a des similitudes dans les procédés utilisés : mobilisation en power sur les réseaux sociaux, rumeurs sur les origines ethniques des suspects», souligne Romain Fargier, spécialiste des influenceurs d’ultra-droite sur web. Les groupuscules qui se mobilisent sur les réseaux «se greffent sur l’indignation publique, font monter des hashtags. Ils s’inspirent de l’Alt-right américaine», ajoute Romain Fargier. Galvanisés par un fait divers violent et « inspirés » par les émeutes de Dublin, les groupuscules d’ultradroite en France veulent se mobiliser dans la rue, tandis que l’extrême droite politique profite du climat général pour tenter d’engranger les voix.
Mise à jour à 12h20 : avec la liste des infos des suspects du meurtre de Thomas et de leurs familles.