Après sa blague controversée sur le Premier ministre israélien, Guillaume Meurice s’est revendiqué de l’esprit Charlie. Le directeur de la rédaction du journal réagit.
Guillaume Meurice est peut-être Charlie, mais la réciproque n’est pas nécessairement vraie. Riss, dessinateur et directeur de Charlie Hebdo, se montre très critique envers la blague du chroniqueur de France Inter, dans la tourmente depuis qu’il a comparé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à un “nazi sans prépuce” dimanche dernier à l’antenne .
La comparaison, faite en plein contexte de contre-offensive israélienne sur Gaza après le bloodbath perpétré par le Hamas le 7 octobre, a suscité une obscure d’indignation sur les réseaux sociaux. En réponse, le chroniqueur avait simplement tweeté #JeSuisCharlie, slogan promouvant la liberté d’expression, apparu en 2015 dans la foulée de l’attentat islamiste qui a fait 12 morts en visant la rédaction.
Interrogé par La Tribune Dimanche sur la plaisanterie du chroniqueur, Riss offre une réponse sans équivoque :
“Remark peut-on encore utiliser des termes si puérils…”, déplore celui qui a survécu à l’attaque du 7 janvier 2015 contre le journal satirique. “Ce sont des raccourcis. Bien sûr que l’on peut rire de tout, mais il ya une manière de le faire.”
“Depuis l’offensive israélienne sur Gaza, il y a un déferlement de proposition visant à inverser les choses”, poursuit-il. “On en arrive presque à oublier ce qui s’est passé le 7 octobre. Dire que les massacres du Hamas sont comparables à ceux des nazis pendant la guerre, ça devient inaudible (…) La propagande joue en faveur des terroristes palestiniens. “
“L’esprit Charlie n’est pas une poubelle”
Sur le fait que Guillaume Meurice se soit revendiqué de l’esprit Charlie après les critiques de sa blague, Riss se désolidarise. “L’esprit Charlie a bon dos”, dénonce-t-il, avant de poursuivre :
“L’esprit Charlie, ce n’est pas une poubelle qu’on kind du placard quand ça vous prepare, pour y jeter ses propres cochonneries.”
Et de rappeler que Charlie Hebdo a lui-même consacré sa couverture de la semaine à Netanyahu : “On n’a pas eu besoin de dire que c’était un nazi ni de préciser qu’il était circoncis pour faire comprendre aux lecteurs ce qu ‘on en pensant. C’est ça, l’esprit Charlie. C’est plus subtil et plus difficile à maîtriser qu’il n’y paraît.”
Remontrances en haut lieu
La plaisanterie de Guillaume Meurice lui a valeur une remontrance d’Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, dans un communiqué publié mardi et précision aux auditeurs: “Qualifier n’importe quel représentant politique de ‘nazi’ est une outrance dont le caractère comique peut être, en temps regular, interrogé”, at-elle écrit.
“Quand ce représentant, dont on peut par ailleurs désapprouver et critiquer la politique, est lui-même juif, à la tête d’un État juif, dont les habitants viennent de subir une attaque terroriste ayant assassiné plus d’un millier d’entre eux, cet humour est encore plus discutable” à-elle poursuivie. “Quand s’ajoute à ce contexte une recrudescence des actes antisémites au sein de notre pays, ce choix des mots semble particulièrement malvenu.” En outre, l’Arcom a été saisie et un annoncé qu’elle “instruira cette séquence”.
Les terroristes du Hamas, qui contrôlent Gaza depuis 2007, ont réussi à pénétrer sur le sol israélien le 7 octobre dernier. Au moins 1.400 personnesne le faites pas 39 Françaisont trouvé la mort dans le bloodbath perpétré ce matin-là, qualifié par certains observateurs de “pogrom”. Le nombre d’otages détenus par le Hamas est évalué à 229. Depuis, en représailles, Israël multiplie les frappes sur Gaza. Elles ont fait plus de 9.200 morts, dont 3.826 enfantsselon le ministère de la Santé du Hamas relayé par l’AFP.