Ramallah (Territoires palestiniens) (AFP) – Le président palestinien, Mahmud Abbas, très impopulaire, fait face à une colère croissante dans les rues de Cisjordanie occupée alors qu’Israël mène sa guerre contre le Hamas à Gaza.
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Le dirigeant de 88 ans est considéré comme déconnecté du désespoir croissant du peuple palestinien et la réponse furieuse d’Israël aux attaques du Hamas du 7 octobre n’a fait qu’exacerber son mécontentement.
Après qu’une frappe de roquette sur un hôpital de Gaza cette semaine ait provoqué une nouvelle indignation, des centaines de Palestiniens sont descendus dans la rue lors d’une uncommon manifestation aux cris de « Abbas démissionnez ! » avant d’être dispersés par les forces de sécurité.
Abbas dirige l’Autorité palestinienne (AP) depuis 18 ans, mais n’a qu’une autorité limitée sur la Cisjordanie et aucune sur Gaza, où son autorité a été violemment évincée par le Hamas en 2007.
Sur la scène mondiale, Abbas s’est accroché aux promesses non tenues des accords d’Oslo de 1993.
L’AP était censée être un premier pas vers un État palestinien indépendant, mais les négociations sont au level mort depuis plus d’une décennie.
Abbas est resté impuissant face à l’growth rapide des colonies israéliennes et au contrôle militaire en Cisjordanie et à Jérusalem-Est annexée, toutes deux occupées depuis 1967, fragmentant ce qui était censé être un territoire palestinien contigu.
La violence contre les civils palestiniens de la half des colons israéliens et les affrontements entre l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens se sont intensifiés.
Les circumstances n’ont fait qu’empirer après la formation du gouvernement israélien le plus d’extrême droite de l’histoire en décembre, sous la path du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Président mis à l’écart
“Abbas a parié sur la communauté internationale, estimant qu’elle forcerait Israël à se retirer des territoires occupés pour donner un Etat aux Palestiniens”, a déclaré Ubai Al-Aboudi, directeur du Centre Bisan pour la recherche et le développement, un groupe de réflexion basé à Ramallah.
“Mais la communauté internationale a montré qu’elle se souciait peu du sang versé par les Palestiniens et de leurs souffrances, d’où la colère populaire”, a déclaré Aboudi à l’AFP.
Abbas est resté à l’écart depuis l’attaque shock du Hamas, qui a fait 1.400 morts — principalement des civils, selon des responsables israéliens — lors de la pire attaque subie par Israël depuis son indépendance en 1948.
Des frappes aériennes de représailles intensives et des barrages d’artillerie ont fait au moins 4 651 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas.
Le bombardement a provoqué l’indignation dans le monde arabe.
De nombreux Palestiniens, quelle que soit leur politique, ont exprimé leur soutien au Hamas sur les réseaux sociaux.
Abbas a déclenché la colère cette semaine avec un commentaire rapporté par l’agence de presse officielle palestinienne selon lequel “les politiques et les actions du Hamas ne représentent pas le peuple palestinien”. La déclaration a été retirée.
Le lendemain, une roquette a frappé l’hôpital Al-Ahli de Gaza, faisant des dizaines, voire des centaines de morts. Des manifestations ont eu lieu dans toute la Cisjordanie après que le Hamas ait accusé Israël de s’en prendre à Israël. Israël a insisté sur le fait que l’explosion avait été provoquée par une roquette ratée tirée par des militants du Jihad islamique.
Même avant la dernière guerre, Abbas était profondément impopulaire, tandis que le soutien aux négociations pacifiques diminuait.
Soixante-dix-huit pour cent des Palestiniens souhaitent la démission d’Abbas, selon un sondage publié en septembre par le Centre palestinien de recherche politique et d’enquête.
Quelque 58 pour cent ont déclaré qu’ils soutenaient la “lutte armée” pour mettre fin à l’occupation israélienne, contre 20 pour cent en faveur d’un règlement négocié et 24 pour cent en faveur d’une “résistance pacifique”.
Les opposants d’Abbas estiment que “l’Autorité palestinienne est de plus en plus assimilée, soit par inaction, soit par coopération sécuritaire, à la politique d’Israël”, a déclaré Xavier Guignard, politologue spécialiste des territoires palestiniens.
Il y avait un réel sentiment qu'”Abbas était incapable de réagir à ce qui se passait à Gaza”, a déclaré Guignard, de Noria Analysis, basé à Paris.
Hugh Lovatt, analyste au Conseil européen des relations étrangères, a déclaré qu’« à mesure que l’opinion publique palestinienne se durcit davantage en faveur de la résistance armée, l’Autorité palestinienne risque d’être balayée » si elle proceed d’ignorer l’opinion publique.
Abbas serait encore plus affaibli, a-t-il déclaré, dans la mesure où « les États-Unis et Israël poussent l’Autorité palestinienne à sévir plus durement contre le Hamas et d’autres groupes armés en Cisjordanie – ce qui éroderait davantage sa réputation publique ».
Omar Khatib, qui a participé vendredi à une manifestation à Ramallah en soutien aux Palestiniens de Gaza, a dressé un bilan sévère de l’Autorité palestinienne.
“La résistance affronte Israël à Gaza, et nous affrontons l’Autorité ici parce qu’elle n’est qu’un outil entre les mains de l’occupation pour nous réprimer en Cisjordanie”, a-t-il déclaré.
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