C’est une nouvelle opération qui témoigne du haut niveau de la menace terroriste en France. Avec, encore une fois, des suspects très jeunes et, pour certains, issus de la mouvance caucasienne. Quatre jours après l’attentat au lycée Gambetta d’Arras (Pas-de-Calais), les policiers de la Course générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé en garde à vue un adolescent de 16 ans radicalisé, dans le cadre d’ ‘une enquête portant sur un projet d’motion violente. Interpellé mardi à son domicile en Seine-et-Marne, ce mineur était en contact étroit avec Romain T., jeune homme de 18 ans d’origine tchétchène déjà incarcéré.
Avec un troisième complice présumé, les deux suspects auraient projeté un attentat visant des cibles ayant, selon eux, commis des blasphèmes contre l’islam. C’est Romain T. qui est soupçonné d’être à l’origine de ce plan mortifère, après avoir entendu un commerçant parler en des termes jugés offensants de sa faith. Outre cet homme, il aurait également projeté des actions punitives visant d’autres personnes qualifiées de « mécréantes ».
Arrêté discrètement cet été par la DGSI dans les Hauts-de-Seine, Romain T. a été mis en examen pour « affiliation de malfaiteurs terroristes criminels » et placé en détention provisoire le 11 juillet. Il était en correspondance avec de nombreuses personnes points de la mouvance islamiste suivie par la DGSI, notamment des Tchétchènes. Romain T. est décrit comme « très radicalisé et très dangereux », avec un « goût prononcé pour la violence ». Il aurait déjà fait l’objet de signalisations scolaires pour des menaces proférées contre des enseignants. Encore mineur, il avait également subi une garde à vue à la brigade criminelle de Paris en juin 2022, soupçonné de vouloir des armes, mesure levée sans suites judiciaires. Mais le jeune homme était depuis fiché S et suivi par la DGSI.
Le deuxième suspect mis en examen jeudi
Le deuxième suspect, encore adolescent, est quant à lui soupçonné d’avoir « fourni à Romain T. sur un groupe sur les réseaux sociaux des éléments permettant d’identifier un individu qui parlait mal de l’islam », selon une supply proche des enquêtes. Les enquêteurs sont remontés jusqu’à ce mineur grâce à l’exploitation du téléphone de Romain T. L’adolescent a été présenté jeudi 19 octobre à un juge antiterroriste, mis examen et écroué à son tour, conformément aux réquisitions du parquet nationwide antiterroriste. Trois suspects sont désormais poursuivis dans ce file. Les enquêtes ont mis en évidence que ces jeunes radicalisés se revendiquaient de l’idéologie de Daech, sans pour autant avoir clairement prêté allégeance à l’organisation djihadiste.
Cette affaire n’est pas sans rappeler le meurtre de Samuel Paty devant son lycée de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) il ya trois ans, commis par Abdoullakh Anzorov, un jeune Russe d’origine tchétchène de 18 ans. Au nom du djihad armé, il s’était mis en quête de rechercher toutes les personnes ayant, à ses yeux, offensé l’islam. C’est ainsi qu’il avait appris l’existence d’une polémique autour d’un enseignement dispensé par Samuel Paty, professeur d’histoire, sur les caricatures de Charlie Hebdo et la liberté d’expression et avait décidé de se rendre devant l’établissement de ce dernier pour l’murderer.
L’attaque vendredi dernier au lycée d’Arras a aussi été commise par un Russe originaire de la république caucasienne de l’Ingouchie. Il ressort de l’enquête que le jeune homme éprouvait une haine profonde de la France, de ses valeurs et de ses establishments, à commencer par son école.
D’après une word de renseignement de la DGSI datant de 2020, les individus radicalisés originaires de la mouvance caucasienne étaient décrits comme « surreprésentés » dans le djihad français. « Souvent très jeunes, les membres radicalisés de cette nouvelle génération ont développé une dialectique djihadiste se distinguant de celle de leurs aînés. Si un prisme anti-russe subsiste, un discours anti-français se développe, aligné sur celui des acteurs de la mouvance endogène », écrivent les brokers.