La marche contre l’antisémitisme prévue à Paris dimanche à l’appel des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, et à laquelle le Rassemblement nationwide (RN) entend participer, n’en finit pas de créer des remous sur l’échiquier politique. La première ministre, Elisabeth Borne, « participera » à la manifestation, a annoncé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, mercredi 8 novembre, dans son compte rendu du conseil des ministres ; les membres du gouvernement « aura la possibilité » d’y aller également. M. Véran a toutefois refusé de dire si le président de la République, Emmanuel Macron, serait présent.
Dans la matinée, Marine Le Pen avait appelé, sur RTL, « l’ensemble (des) adhérents et (des) électeurs (du RN) à venir se joindre à cette marche ». « Il est temps que le peuple français (…) exprime son rejet absolument whole de l’augmentation spectaculaire des actes visibles (…) d’antisémitisme », avait-elle ajouté. Eric Zemmour, président de Reconquête !, et Marion Maréchal, tête de liste du parti aux européennes, ont fait savoir qu’ils participaient également à la marche.
Les annonces de la participation de l’extrême droite ont déclenché des réactions en cascade. « La justice française a condamné Jean-Marie Le Pen pour antisémitisme ; en ce sens, le RN n’a pas sa place à cette manifestation »a affirmé Olivier Véran, qui a aussi « déploré que le président du RN (Jordanie Bardella) soit incapable de couper avec les racines antisémites » de son parti, en niant l’antisémitisme de son fondateur. M. Véran a enfin appelé à l’« apaisement et à l’unité nationale » afin de combattre « toutes les formes d’antisémitisme, toutes les formes de violence ».
« Distinguer progressistes et forces d’extrême droite »
La France insoumise (LFI) et ses députés ont déclaré qu’ils ne se rendraient pas à la marche, en raison de la participation prévue du RN. « Lutter contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme est impraticable aux côtés d’un parti qui trouve ses origines dans l’histoire de la collaboration avec le nazisme », affirmer le mouvement dans un communiquéestimant que « l’ambiguïté des objectifs » de cette manifestation « permet les soutiens les plus insupportables ».
« Notre pays a besoin d’initiatives qui unifient notre peuple »poursuit la formation de gauche, jugeant « nécessaire de se réunir autour des objectifs de paix pour exiger clairement un cessez-le-feu et la libération des otages » retenus par le Hamas depuis son attaque meurtrière du 7 octobre. Mardi soir, Jean-Luc Mélenchon, chief du mouvement, avait qualifié dans un tweet cette marche de ” rendez-vous “ des « amis du soutien inconditionnel au bloodbath » commis selon lui par l’armée israélienne dans la bande de Gaza.
En début d’après-midi, le Parti socialiste (PS), le Parti communiste (PCF) et Les Ecologistes ont publié un communiqué commun pour appeler « largement les citoyennes et les citoyens » à participer à la marche. Les partis de gauche proposent de réaliser « un cordon républicain » verser « distinguer dans la manifestation un cortège rassemblant tous les républicains et progressistes d’une partie et le Rassemblement nationwide et les forces d’extrême droite d’autre partie ». PS, PCF et Ecologistes ne « aucune légitimité » à ces dernières « à manifester contre l’antisémitisme ».
Les trois partis demandent enfin à Yaël Braun-Pivet et à Gérard Larcher, respectivement présidente de l’Assemblée nationale et président du Sénat, « de déclarer publiquement que les forces d’extrême droite ne sont pas les bienvenues ».