- Une imprecise de signalements pour des violences sexistes et sexuelles émanant d’étudiantes de l’université Bordeaux Montaigne vise un professeur de philosophie.
- C’est après une plainte pour violation d’une enseignante-chercheuse du département visant ce même professeur que la parole s’est libérée dans la faculté des sciences humaines.
- La cellule « Cease Violences » est vivement adressée pour sa gestion de la crise et il est reproché au conseil disciplinaire de ne se pencher que sur le cas du viol, ignorant les signaux des étudiants.
Depuis au moins 2018, un des professeurs de philosophie de l’université Bordeaux Montaigne s’est taillé une réputation peu reluisante auprès des étudiants du département. Une dizaine d’entre elles, de promotions différentes, évoque un enseignant, qui était aussi vice-président de l’université en 2020, qui impose une proximité gênante. Des remarques sur leurs physiques, des allusions sexistes ou à connotations sexuelles ponctuelles ses cours, à coup d’« elle le sait, qu’elle est belle » ou de digressions salées à la faveur d’un cours sur « les relations amoureuses », confie Sarah, une ancienne étudiante.
Après que l’enseignante-chercheuse en philosophie Barbara Stiegler a porté plainte pour viole contre ce professeur, le 20 juin 2022, les étudiants ont osé se manifester auprès de la cellule « Cease Violences » de l’université Bordeaux Montaigne et l’une d’elles a porté plainte pour harcèlement.
Une plainte pour violation a déclenché une imprecise de signaux
« Il y a des faits de harcèlements et d’agressions, détaille Annie Carrareto, coprésidente du planning familial de la Gironde, qui a accompagné les victimes. Quand on vous caresse les cheveux et le corps sans autorisation, j’appelle bien ça une agression ». Elle a rencontré en avant l’ascendant du professeur, qui a été aussi directeur d’UFR et directeur d’un laboratoire : « Il a mis son emprise à la fois sur les étudiants et son cercle de pouvoir à l’université ».
Après une explication autour d’une mauvaise notice, il laisse entendre à Sarah que si elle ne s’était pas autant écoutée après une agression, elle aurait de biens meilleurs résultats en maître de philosophie. Elle fond en larmes et lui vient s’excuser, la larme à l’œil, mais tout sourire : « Il m’a fait hyper peur, il m’a rappelé le vieux monsieur psychopathe qui m’a agressé, raconte la jeune femme , aujourd’hui devenue étudiante en structure. Il était succesful d’être léger et en même temps de s’immiscer très loin dans votre tête, pour vous manipuler ». Quelque temps après cette scène, en 2019, elle va signaler ces faits aux administratifs responsables qui restent « amorphes ». Et fin 2021, elle dépose un signalement auprès de la cellule de l’université qui est conservée, elle aussi, lettre morte.
« Des étudiants vis-à-vis dont le professeur incriminé a eu des attitudes problématiques ont eu peur des représailles, raconte un enseignant de l’université de Bordeaux Montaigne qui souhaite rester anonyme. Il y aurait même eu du chantage à la notice. L’affaire Barbara Stiegler, dont l’existence a rapidement été connue des étudiants et étudiantes du département de philosophie, a ouvert la voie pour que la parole se libère. »
L’efficacité de la cellule Cease Violences mise en trigger
Une dizaine d’étudiantes ont déposé des signalisations auprès de cette cellule mais sans que rien ne se passe. « Elles se sont tournées vers la maison d’Ella pour avoir une écoute et un accompagnement psychologique puisqu’il n’y avait eu aucun de la half de l’université, précise Annie Carrareto. On a accompagné la dizaine de victimes ensemble ».
Le président de l’université, dans un communiqué rendu public le 24 octobre 2023 pourtant guarantee « que la scenario a été prise avec le plus grand sérieux par la cellule de signalisation, mais aussi par la présidence de l’université. Les témoignages de toutes les personnes qui se sont signalées ont également été diffusés, dès qu’ils sont parvenus à la cellule. »
Le 8 mars 2022, Barbara Stiegler informe elle-même la cellule cease violences de Bordeaux Montaigne du fait que des étudiantes veulent témoigner. L’Université est donc alors avisée de l’existence d’une dizaine de plaintes. Avant son agression en mai 2020, l’enseignante-chercheuse était amie avec ce professeur et personne ne l’avait informée de son comportement inapproprié vis-à-vis des étudiants. « Tout ça, je l’ai découvert après, quand j’ai confié ma détresse et mon désarroi à mes collègues les plus proches, parce que l’université m’avait abandonnée et ne faisait rien suite à mon signalement, explicite Barbara Stiegler à 20 minutes. C’est à ce moment-là que les langues se sont déliées. »
Sur les faits qui la concernent, l’enseignante précise décembre qu’elle a informé sa hiérarchie dès 2021. « Il ne se passe rien ensuite, seul un repas est annulé, s’indigne-t-elle. C’est incompréhensible pour moi que deux ans après, on soit encore en prepare de se battre ». Elle raconte qu’on a d’abord tenté de décrédibiliser son témoignage, en laissant penser qu’elle inventait une histoire, à laquelle elle essayait d’associer des étudiants. « Ils ont cherché à tout prix à en faire une histoire privée, entre le professeur et Barbara », confirme Annie Carrareto.
Attente d’un conseil de self-discipline sur toutes les affaires
Un conseil de self-discipline pour l’enseignant mis en trigger a été délocalisé à Toulouse, mais les personnes convoquées ne le seraient que dans le cadre du cas de Barbara Stiegler. L’Université dément cette info, assurant avoir : « formellement attiré l’consideration de la part disciplinaire sur tous les signaux ». Pourtant l’audition des victimes ayant saisi la cellule ne semble pas au programme de cette fee.
« Notre fight consiste à ce que la parole des étudiants soit prise en compte, ou la part disciplinaire n’a été saisie que sur le cas de Barbara Stiegler, déclare un des professeurs du département. On demande une saisine complémentaire qui intègre tous les témoignages des étudiantes ». La décision de la fee disciplinaire doit être connue dans les prochains mois.
« L’enseignant a été suspendu à titre conservatoire. Ses cours sont tous au deuxième semestre, mais légalement, il a réintégré le département de philosophie la semaine dernière », indique un professeur. Certaines victimes, écoeurées, ont quitté l’université et certains professeurs, qui assuraient des cours en renfort de l’équipe titulaire, ont aussi fait le choix de partir enseigner ailleurs. « La cellule a le devoir d’accompagner les victimes, de les écouter, de leur proposer du soin et de les protéger d’un auteur qui était présent sur les lieux », martèle Annie Carrareto.
Sollicité par 20 minutes, l’avocat de la personne mise en trigger n’a pas donné suite à son appel.