- La laverie solidaire, dans le 7e arrondissement de Lyon, est le premier lieu du style en ville. Ici, toutes les personnes qui le souhaitent peuvent prendre rendez-vous pour faire ses lessives gratuitement.
- Depuis son inauguration il y a six mois, 1.300 rendez-vous ont été pris. Pour Marc Foucan, responsable de proximité, cela prouve qu’il y avait « un vrai besoin ».
- Les bénéficiaires sont aussi ravis. « A travers ce lieu, on nous donne un peu de dignité », estime Sarah.
« Je vous dois combien ? » Marc Foucan, responsable de la laverie solidaire de Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon, ne cesse d’entendre cette query plusieurs fois par jour depuis l’ouverture des lieux. « Rien, absolument rien », répond-il exclusivement en proposant une boisson chaude. « Tout est gratuit, insiste-t-il. Même si elles ont du mal à y croire, toutes les personnes qui le souhaitent (aucun justificatif de scenario n’est demandé) peuvent prendre rendez-vous, venir laver leurs vêtements, les faire sécher et profiter d’un second de calme dans un endroit propre et sec. »
« Je ne m’attendais pas à découvrir un lieu comme celui-ci », s’exclame Emilie, qui vient pour la première fois ce matin-là. « C’est très soigné et moderne. On est au chaud et ça envoyé bon, détaille-t-elle. Et puis, on est très bien accueilli. » Elle apprécie « grandement » la « discrétion » des équipes à qui elle n’est pas obligée « d’étaler toute (sa) vie ». Pour avoir un rendez-vous, il suffit d’un nom et d’un prénom. « D’habitude, j’utilise les laveries automatiques, confie-t-elle. Mais là, je me suis retrouvée à la rue, sans possibilité de retirer de l’argent de mon compte. S’il n’y avait pas eu la laverie, j’aurais dû attendre le mois prochain pour laver mes affaires. »
Elle ajoute : « On n’y pense pas tant que ça ne nous touche pas mais pour une personne qui doit se présenter au travail, ça compte, lance-t-elle. Si on a des vêtements gross sales, ça a forcément une affect sur la façon dont on nous voit. »
« Ici, on recharge les batteries dans tous les sens du terme »
Pour Amadou, aussi, « c’est très essential d’avoir un endroit accessible pour faire ses lessives ». « Ça change beaucoup pour mon hygiène », explique ce jeune qui vient régulièrement depuis deux mois. Son ami Alhassane, 25 ans, acquiesce et ajoute : « Moi, j’allais jusqu’à la rivière pour nettoyer mes vêtements à la important. Donc vous pouvez imaginer les changements dans ma vie. » D’après Marc Foucan, de nombreux bénéficiaires sont également des utilisateurs des bains douches, juste au-dessus du native. « Avant l’ouverture, ils se repartaient propres mais dans des affaires gross sales, parfois mouillées, ça n’avait pas de sens », soulève le responsable de proximité.
En plus d’habitudes propres, la laverie solidaire permet aussi de créer « du lien social », selon les mots de Sarah. Cette mère de famille, qui vient pour la quatrième fois, développe : « A pressure, on se connaît un peu. On profite de la durée des programmes, entre dix-huit et quarante minutes, pour échanger entre nous. » Une fois ses vêtements dans la machine, elle s’installe à une desk et branche son téléphone. « En venant ici, on recharge nos batteries, dans tous les sens du terme, dit-elle en souriant. Et on half toujours content material. Déjà, parce qu’on a des vêtements propres et secs. Mais aussi parce qu’à travers ce lieu, on nous donne un peu de dignité. C’est essential pour nous, surtout dans les conditions qu’on traverse. »
1.300 rendez-vous en six mois
Depuis l’inauguration en avril, 1.300 rendez-vous ont été pris. « On est tout le temps complet, précise Marc Foucan. Cela prouve qu’il y avait un vrai besoin. » En plus des trois machines à laver et des trois sèche-linge, de l’espace détente et du coin salon de hairstyle, des ateliers d’écriture et des moments d’accompagnement administratif vont être proposés à la laverie solidaire.
« La prochaine étape, ce serait de développer ce idea ailleurs », lance Sandrine Runel, adjointe au maire déléguée aux Solidarités et inclusion sociale. Selon ses informations, la ville de Lyon serait pionnière dans l’initiative en « régie directe », les projets existants étant dirigés par des associations. « Le droit à l’hygiène comme d’autres mesures font partie des enseignements tirés de la nuit de la solidarité. Pour toutes ces demandes qui ont été faites, on essaie de trouver des réponses rapides et concrètes », affirme-t-elle.
Pour le responsable de proximité, la priorité doit être celle d’un système de bagagerie. « C’est une des demandes les plus récurrentes et urgentes des publics en scenario de précarité, appuie-t-il. Ils n’en dorment pas de la nuit, de peur qu’on leur vole leurs affaires. Ils ne peuvent pas non plus se présenter en entretien d’embauche avec tout sur le dos. » Sandrine Runel glisse que des « casiers solidaires en libre-service et sécurisés » seraient dans les tuyaux et pourraient voir le jour d’ici la fin de l’année.